Quelle peine infliger aux terroristes du 11 septembre ?

Les commémorations des 20 ans du 11 septembre 2001 commencent, et sont l’occasion de constater que les blessures ne sont pas toutes refermées. 900 dossiers d’indemnisation continuent à arriver chaque mois au fonds d’indemnisation des victimes, souvent pour cause de cancer contracté à la suite des attentats. Et le procès des têtes pensantes des attentats est toujours enlisé dans une justice militaire qui peine à avancer.

Photo de Lars Mulder sur Pexels.com

Comme souvent, cette crise a été et reste une occasion pour éprouver nos principes : comment faire justice d’un tel acte ? Si l’on s’en tient aux chiffres, cela semble impossible. Une poignée de coupables pour « justifier » 3000 morts le jour même, peut-être le double si l’on compte les maladies qui ont suivi ? Faudrait-il faire vivre 3000 morts à Khaled Sheikh Mohammed, le cerveau présumé des attentats ? Impossible.

Impossible même si l’on pourrait dire que les Etats-Unis s’y sont essayés. Les prévenus invoquent en effet des actes de torture lorsqu’ils étaient aux mains de la CIA, ce qui, en passant, ralentit considérablement le procès… Celui-ci, au sens propre, n’a pas encore commencé puisque seules des auditions préliminaires ont pu être tenues, 20 ans après les faits… Une bonne partie des preuves risque d’être invalidées dès le début du procès à cause des faits de torture qui les rendent inutilisables !

On peut dire qu’aujourd’hui, la justice des Etats-Unis, montre que notre monde a laissé derrière lui la torture. Même quand certains s’y égarent, ils sont désavoués. Parfois on peut avoir l’impression que notre monde va de mal en pis. Réjouissons-nous au contraire que la torture soit maintenant « d’une autre époque » dans nos sociétés !

« Ceux qui pardonnent en vérité n’oublient pas, mais renoncent à être possédés par cette même force destructrice dont ils ont été victimes. Ils brisent le cercle vicieux, ralentissent les progrès des forces de destruction. Ils décident de ne pas continuer à inoculer dans la société l’énergie de la vengeance qui, tôt ou tard, finit par retomber une fois de plus sur eux-mêmes. En effet, la vengeance ne satisfait jamais vraiment les victimes. Certains crimes sont si horribles et si cruels qu’infliger des peines à leurs auteurs ne peut pas donner le sentiment que le dommage causé a été réparé. Il ne suffit pas non plus de tuer le criminel ; il serait de même impossible de trouver des tortures qui équivaillent aux souffrances que la victime a pu avoir endurées. La vengeance ne résout rien. » (Fratelli Tutti, 251)

Sans rechercher « l’œil pour œil, dent pour dent », la question se pose quand même de la peine à infliger. Pas par haine ou esprit de vengeance, mais « par amour de la justice elle-même, par respect pour les victimes, pour prévenir de nouveaux crimes et en vue de préserver le bien commun ».

Mais comment empêcher de nouveaux attentats de ce type ? La justice américaine a dans son arsenal une arme que nous avons abandonnée en France : la peine de mort.

Comme toute peine, la peine de mort est une violence, qui bien qu’infligée par l’Etat doit être limitée, au risque si l’Etat exagérait, de manquer à la charité. Car à légitimiser l’homicide, on risque bien de relativiser la dignité inaliénable de la vie humaine, fût elle celle d’un criminel… L’Eglise nous dit précisément qu’aujourd’hui qu’il ne semble plus crédible que cette violence soit encore nécessaire pour empêcher quelqu’un de nuire :

Je voudrais faire remarquer qu’il est impossible d’imaginer qu’aujourd’hui les États ne puissent pas disposer d’un autre moyen que la peine capitale pour défendre la vie d’autres personnes contre un agresseur injuste.

Rappelons-nous que le meurtrier garde sa dignité personnelle et Dieu lui-même s’en fait le garant. Le rejet ferme de la peine de mort montre à quel point il est possible de reconnaître l’inaliénable dignité de tout être humain et d’accepter sa place dans cet univers. Étant donné que si je ne la nie pas au pire des criminels, je ne la nierai à personne, je donnerai à chacun la possibilité de partager avec moi cette planète malgré ce qui peut nous séparer. (Fratelli Tutti)

Une occasion de se réjouir de vivre dans un pays qui a réussi à inscrire dans sa loi l’abandon de la peine de mort, constatant qu’elle ne pouvait plus être réellement un acte bon.

Si nous souhaitons mettre nos pas dans ceux du Christ, il nous faut donc avec Saint Augustin comprendre que « les atrocités des pécheurs ne sont pas pour nous une occasion de goûter le plaisir de la vengeance, mais qu’elles sont comme des blessures que nous devons prendre soin de guérir ». La peine donnée est un acte d’amour – ou doit l’être – en ce qu’elle a pour but principal d’empêcher l’homme de continuer à se laisser défigurer par son propre péché… Acte d’amour pas nécessairement souhaité par le criminel, mais acte d’amour tout de même !

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